Accéder au Machu Pichu par ses propres moyens est un parcours du combattant à l'issue duquel on mérite vraiment sa visite! On peut randonner, en empruntant le chemin de l'Incas, mais les tarifs sont prohibitifs et le guide est obligatoire... En voiture: il faut d'abord passer par les villages de Santa Maria puis Santa Teresa. Laisser le véhicule gardé par la police à une station hydroélectrique pour prendre le train. Enfin, arriver à Aguas Calientes où l'on peut dormir avant d'atteindre le Machu Pichu à pieds ou en bus. En comptant une journée pour la visite, il faut au moins trois jours rien que pour le voir quelques heures! Avouer qu'il faut être sacrément motivé et il y en a beaucoup des motivés comme nous...
Pour atteindre la première étape: le village de Santa Maria, nous passons un col et nous engageons sur l'autre versant de la montagne. L'ascension est spectaculaire et la descente l'est tout autant. Les agences touristiques ne s'y sont pas trompées en vendant des descentes en vélos... Nous sommes très surpris par la différence de climat. Nous venons de la puna à 3500 mètres environ, pour franchir l'Altiplano à 4500 mètres et nous nous retrouvons, une fois le col passé et la plaine atteinte, dans des paysages de forêt tropicale! Nous roulons parmi les bananiers, caféiers et autres plantes tropicales inconnues. Il fait très humide. En 4 heures de temps, nous avons changé de monde! C'est impressionnant. Nous profitons tout de suite des avocats énormes et appétissants à Santa Maria. Nous nous emparons d'un régime de bananes entier et le liquidons en peu de temps: ces petites bananes sont mémorables!
Nous demandons des informations à la police locale: vraisemblablement, il est possible d'accéder au Machu Pichu par cette voie. Malgré tout, la piste principale pour le prochain village: Santa Teresa, est encore fermée par des éboulements et nous devons emprunter une piste secondaire. Elle ne permet le passage que pour une voiture et il est impossible d'y faire demi tour. Autant dire que nous devons souvent faire des marches arrières. A chaque croisement de véhicule, nous nous réfugions dans des renfoncements pour permettre le double passage... D'un côté de la piste: la paroi friable de la montagne. De l'autre: le gouffre. Malgré tout, des camions et des voitures chargés de locaux et de touristes avides de Machu Pichu roulent à vive allure et nous klaxonnent, nous les escargots...
Brusquement, la piste est inondée par le détournement d'une rivière passant à vive allure: les filles sont effrayées. La camionnette devant nous refuse de franchir l'obstacle et décharge ses touristes qui finiront à pieds malgré les protestations de certains d'entre eux. Nous apprenons qu'un autre éboulement barre la route peu avant Santa Teresa. Il est impossible de passer et les secours ne sont pas attendus avant le lendemain. Dans ces conditions, la nuit portant conseil, nous nous installons pour la nuit dans un renfoncement proposé par la piste. Nous sommes à la porte d'un paysan et nous sympathisons. Jusque tard dans la nuit, nous voyons des taxis circulant sans aucune visibilité sur cette piste dangereuse: visiblement, le torrent ne les arrête pas. Le lendemain matin, la route est dans le même état: le niveau des eaux n'a pas baissé. La rivière est toujours aussi impétueuse et même si nous pouvons passer facilement avec le Land, les filles ne sont pas chaudes. L'éboulement qui suit n'est toujours pas débloqué non plus. Nous risquons d'attendre indéfiniment une solution et nous retrouver coincé entre deux éboulements. Nous décidons de rebrousser chemin. Tant pis pour le Machu Pichu! Nous sommes déçus mais nous ne pouvons pas faire mieux donc il n'y a pas de regret.
Sur le retour, un nouvel éboulement minime se produit juste devant nous sur la piste. Cet événement conforte notre choix: c'est trop risqué. Les chauffeurs de taxi descendent de leurs véhicules. Certains enlèvent les pierres obstruant la route pendant que d'autres vérifient l'état de la paroi. En cas de chute de pierres ou de boue, de simples cris les avertissent et tous partent en courant. On fait mieux en termes de sécurité! Néanmoins, ces gens n'ont pas le choix: cette piste est la seule reliant les petits villages aux centres plus importants. Nous arrivons ainsi à Santa Maria puis à Ollantaytambo et poursuivons la route jusque Maras où nous profitons encore une fois du super bivouac devant la montagne. Nous visitons Chinchero le lendemain matin. Son église est splendide mais les ruines incas ne sont pas exceptionnelles et je l'avoue: je suis davantage intéressée par le beau marché artisanal tenu par les mamitas que par les ruines. Elles sont magnifiques dans leurs tenues traditionnelles, assises sur leurs tissages colorés. Mais ce sont d'opiniâtres négociatrices...
Nous avons rendez vous avec les Rejou et les Guibert dans des thermes, à la sortie de Cuzco ce soir. Georges nous quitte aujourd'hui pour rejoindre Lima. Il tient à nous inviter au restaurant pour un dernier repas. Nous choisissons un endroit beaucoup moins populaire que d'habitude pour marquer l'occasion. La voiture est stationnée devant et bien visible. A la sortie, alors que nous déposons Georges à la gare routière, nous nous rendons compte de l'absence de notre auto radio. Puis celle de notre sac à dos avec notre appareil photo et tous nos papiers à l'intérieur. Nous commençons à paniquer. Nous « larguons » littéralement Georges pour revenir au restaurant rapidement. Bien entendu, nous ne trouvons aucune trace des voleurs. D'un seul coup, le monde s'écroule et nous sommes complètement abattus. Pourtant, les réflexes se mettent en route rapidement: nous commençons par faire opposition sur la carte bleue. Nous appelons ensuite l'ambassade de France à Lima qui nous prend complètement en charge. Heureusement, nous avions conservé des doubles de tous les papiers et nous leur envoyons rapidement par mail. De cette façon, les vérifications sont beaucoup plus simples et rapides pour eux. Nous devons faire une déclaration de vol à la police touristique de Cuzco avant de nous rendre à Lima pour refaire les papiers. Cette démarche est indispensable. Nous y passons de nombreuses heures dans une ambiance détestable: les voleurs alignés sur le mur sont installés dans la même pièce que les volés. Les flics sont trop sûrs d'eux et se montrent parfois menaçants. Nous subissons car nous n'avons pas le choix.
Le lendemain, nous nous rendons à Lima à l'ambassade. Cela nous fait une sacré détour de plus de 2000 km . Et puis, nous avons tout perdu: les passeports; l'assurance de la voiture; ma carte d'identité; les livrets de famille; les carnets de vaccination; la carte grise; l'autorisation de séjour au Pérou pour le véhicule. La perte de l'appareil nous paraît minime au regard de celle des papiers. Comment faire pour sortir du Pérou? Pour prendre la bateau? Comment récupérer une carte grise en étant à l'étranger sachant que l'on en a besoin pour chaque entrée et sortie de territoire? Beaucoup de voyageurs nous avaient mis en garde au sujet des vols au Pérou et en Bolivie. Mais après 8 mois de voyage et surtout beaucoup de bienveillance autour de nous, nous avons été négligents... Nous avons vraiment le moral dans les chaussettes. Et l'anniversaire de Leia tombe pile poil dans ce marasme... Vaille que vaille, nous relativisons car nous sommes tous en pleine forme, amdoulilah. C'est ce qui compte. Pour le reste, on se débrouillera toujours...
Avril 2010 : Vers le Machu Pichu ??? |
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